Nuancier, couleurs
Il n’existe pas aujourd’hui de théorie définitive de la couleur. L’approche du phénomène de la vision chromatique hésite entre des systèmes physiques (réalité scientifiquement étudiable), physiologique (impression sensitive) et psychologique (expression symbolique).
Elle en appelle aujourd’hui à l’optique, science qu’elle avait pendant des siècles tenue à l’écart de cette recherche. La couleur tient de l’art de la science, de la physique et de la psychologie, et se tient à la croisée de différentes cultures.
En faisant passer de la lumière blanche à travers un dispositif dispersif, tel qu’un prisme de verre, on peut la décomposer en une figure nommée spectre visible, qui s’étend de 380 nm à 780 nm:
En 1676, Isaac Newton met montre expérimentalement que la lumière blanche (lumière solaire) contient toutes les couleurs du rouge au violet (couleurs du spectre).
Ces couleurs sont celles de l’arc-en-ciel, traditionnellement au nombre de six :
Goethe était intéressé à comprendre la couleur d’un point de vue artistique. Il formula en 1810 un cercle chromatique représentant les mélanges de couleur semblable à la palette du peintre.
Le chimiste Eugène Chevreul (1786-1889), qui travaillait pour l’industrie des teintures pour textiles, proposa un classement des pigments en une sorte de nuancier appelé cercle chromatique, qui fut utilisé par les peintres impressionnistes.
Pour nommer les couleurs, on dispose:
-des noms des couleurs du prisme : rouge, vert, bleu, jaune, noir, blanc..
-des comparaisons avec des choses (bleu ciel, brique), des animaux (rose crevette), des fruits (orange) ou avec despersonnes ou des événements historiques (bleu roi,)
-des termes techniques inventés par les peintres pour en indiquer la nuance. Ces termes désignent soit la matière dont elles proviennent, soit l’artiste qui les a utilisés pour la première fois : bleu de Prusse, terre de Sienne..
Le contraste de quantité: La tonique occupe une surface réduite par rapport à la couleur dominante. La teinte de la tonique est généralement éloignée de celle de la dominante, elle peut être sa complémentaire. La tonique agit alors comme stimulant de l’ensemble.
D’après Itten, dans L’art de la couleur (1961), le problème esthétique posé par les couleurs se considère sous un triple point de vue:
-sensible et optique, c’est l’impression de la couleur (peinture hollandaise, impressionnisme): réalité de la couleur
-psychique, c’est l’expression de la couleur (Le Greco)
-intellectuel et symbolique, c’est la construction de la couleur (art religieux)
L’oeil produit naturellement la complémentaire par contraste successif ou par contraste simultané.
Il existe sept contrastes de couleur:
-le contraste de la couleur en soi, le clair-obscur, chaud-froid, complémentaires, simultané, de qualité, de quantité.
La notion de rapports de couleurs ou contrastes de quantité m’a fait penser à ce tableau de Matisse. On y retrouve de manière à peu près équitable le rouge et le vert, couleurs complémentaires, ainsi que dans «Luxe, calme et volupté», «La desserte rouge» et «La leçon de piano»: